mercredi 1 février 2012

Vous prendrez bien un peu de soupe ?

Il est un peu plus de 18 heures et j'ai très faim. Depuis ce matin, je suis dans cet hôpital pour y subir des tas d'examens. Arrivée aux urgences un peu après le petit déjeuner, je n'ai pas eu le temps de trop m'inquiéter des repas, pour une fois, et la journée s'est vite écoulée entre les radios, les électros, les prises de sang et de tension, les visites du corps médical en entier... Médecins, infirmières, aides soignants ... Bon, je n'ai pas encore reçu la visite de l'aumônier, c'est plutôt bon signe (rires).

Depuis une semaine, mon coeur s'emballe. Pouls trop rapide et tension artérielle. Je n'ai pourtant plus l'âge de tomber en amour, pourquoi bat-il ainsi la chamade ?

Trève de plaisanterie, la journée se termine. Abandonnée à l'attente au fond de mon lit d'hôpital, mes pensées divaguent et s'évadent. Au loin, j'entends des chariots que l'on traîne ... Je les imagine remplis de victuailles. C'est qu'il fait faim. Une aide-soignante pointe son nez dans la chambre "vous voulez manger", oh que oui !!! une bonne demi heure plus tard, là voilà qui se rapplique avec une soupe, mais sans cuillère à soupe. "je n'ai pas trouvé de cuillère à soupe", je vous mets une cuillère à café". Et bien oui, allez y, pas de problème, et pourquoi pas dans un dé à coudre tant que l'on y est :)

Pauvre France, si les Hôpitaux n'ont plus de cuillère à soupe.

Petite parenthèse, mais la soupe était bien bonne quand même, un bon poireau-carotte, ça ravigote !

Au labo

Lundi matin première heure. Je débarque, fraîche comme une rose au labo. Il se trouve dans un endroit un peu excentré. Là, pas de café à côté, un restaurant chinois et ça ira... La Muraille de Chine se délocalise bien là où elle veut, après tout ...

J'ai pris soin de recueillir les "éléments liquides" dans un grand pot de confitures. Et je n'ai pas oublié de masquer le nom du produit". "Goûtez l'Ardèche", vous m'en direz des nouvelles...

Au labo, l'heure est au recueillement ou bien à la méditation transcendentale. Personne ne bronche. Les deux personnes derrière la banque de l'accueil semblent si affairées que j'ai du mal à leur faire remarquer ma présence. Personne n'a répondu au bonjour, ma voix ne porte peut-être pas assez loin, pas assez fort. Le téléphone sonne, il insiste. En soufflant, la secrétaire décroche. Sur ses lèvres, aucun sourire. On se croirait chez les soeurs coincées. Quelle horreur ! Elle a un joli papillon en argent qui lui sert de pendentif, j'aime les papillons ce n'est pas de ma faute. Elle n'est pas d'humeur à plaisanter visiblement. Au bout de dix bonnes minutes pendant lesquelles j'étais plantée devant elle comme un piquet, elle ose lever la tête. Je lui tends le bocal, précieusement emballé dans du papier d'alu. Tiens, un petit air d'école de village est passé par là, le jour des analyses et des piqûres...

Je ressors du labo, je n'ai collecté aucun sourire.

Ca fait mal ?

A la radio

Toute ressemblance avec des personnages ...

La radio. Un plain pied du centre ville. A côté, le café est fermé. Ils ont tout bouclé. Même pas de quoi aller prendre un petit truc chaud, rien, nada. Passez votre chemin et n'y pensez même pas. A l'accueil, la secrétaire est sympa, elle a le sourire, ça réchauffe dans ses endroits où on est dans l'attente, l'inquiétude de savoir le pourquoi du comment. Des questions trottent dans la tête... Elle me parle de la neige, elle est restée bloquée une heure et demie ce matin sur la route, elle a du mérite de venir si loin. Le travail me dit-elle, résignée. Elle a l'air d'aimer ce qu'elle fait. Le médecin passe, lui dit qu'il s'absente un instant, passe devant les gens sans saluer, sort. Il revient, ben oui c'est lui je l'ai reconnu (ça ne fait pas longtemps vous me direz), ne dit pas bonjour. La politesse est parfois une option chez certaines personnes. Je n'ai pas envie que ce soit lui qui s'occupe de moi. Manque de bol, mauvaise pioche .. ce sera lui... C'est marrant, on se croirait dans un cinéma muet, j'ai les images, l'échographie, mais pas le son ... au fond de moi ça bouillonne pas trop mal, envie de savoir ... Visiblement, il n'est pas venu ici ni pour m'expliquer ce qu'il fait et ce qu'il voit, ni pour me faire des discours. Sur l'ordonnance, il aurait peut-être fallut prescrire "une petite dose de sourire, une effusion de tendresse". Enfin, passons ...

Oui, il vaut mieux passer ...

Si ton mari t'attrape toi ...

Ca va pas bien la tête ? Si ton mari t'attrape toi, tu vas t'en prendre une. Aller raconter ta vie sur le Net !!!

Pffffff ... Allez, allez .. au chaud derrière mon écran, je ne risque pas grand chose. Je souris aux étoiles. Il neige dehors et le chat passe son temps à dormir, toute la sainte journée ! Parfois j'aimerai faire comme lui, mettre mes pieds autour de ma tête, me lécher les orteils, me débarbouiller au sol sans penser à rien. Mais je ne suis rien et même pas cette petite bête...

Si ton mari t'attrape, il te dira qu'au lieu d'écrire des "ch'sais même pô quoi" à "ch'sais même pô qui", tu ferais mieux de t'occuper un peu des tâches ménagères. Et oui, il te dirait d'abandonner un instant ton clavier, ton écran et d'attraper l'aspirateur à bras le corps, de devenir sa dame Plumeau à lui .. Ca doit être un fantasme très masculin, oh.. j'écris le sourire aux lèvres .. La mine réjouie, un vrai chou-fleur

Il y a de ces injonctions parfois ... ce "range ta chambre" qui résonne encore comme un cri de l'adolescence. Je n'en suis peut-être pas encore sortie, du reste...

A mon mari si gentil, ce midi, je lui cuisine des épinards, des cuisses de lapin et des brisures de truffes à la pomme de terre, enfin le contraire vous aviez compris .. des pommes de terre à la brisure de truffe.

Et oui, car quand on passe sa vie et son temps sur le net, il faut avoir le tiroir du congél bien rempli.

Si ton mari t'attrape toi .. Oserai-je vous dire que je me marre ... Car s'il me cherche, il me trouve, et s'il m'attrape .. Allez, rideau !